Un internet anti-robots

Il y a un paradoxe croissant dans l’internet actuel. Depuis quelque temps, tout sur le web semble fait pour repousser les machines. Captchas, authentification à deux facteurs, vérifications constantes… Comme si chaque clic devait être justifié par un certificat de naissance.

Et pourtant, ce même web évolue vers plus d’automatisation, plus d’IA, plus de scripts qui nous aident à faire ce qu’on n’a plus le temps de faire à la main.

C’est un peu comme si on construisait des routes… et qu’on interdisait les voitures.

Une guerre froide entre humains et programmes

Je comprends bien qu’on veuille se protéger des bots malveillants, des spammeurs, des voleurs de données, des fermes de clics. Oui, tout ça existe. Mais le filet est devenu si serré qu’on étouffe aussi les bons nageurs.

Aujourd’hui, un script qui tente d’aller chercher une info sur un site est immédiatement suspect. Un outil qui essaye de faire gagner du temps à un humain se heurte à une barrière invisible : « prouvez que vous n’êtes pas un robot ». Et parfois, ce n’est même pas un robot. C’est juste quelqu’un qui n’a pas de smartphone pour recevoir le fameux code à 6 chiffres.

Un web de plus en plus impraticable

Le résultat, c’est qu’à force de vouloir tout sécuriser, on complique tout, pour tout le monde. Même pour les utilisateurs humains, qui finissent par abandonner une démarche parce que « le système ne veut pas ».

Et pour les développeurs ou les indépendants qui aimeraient automatiser un peu leur travail, c’est pire. Tout devient un parcours du combattant. Et souvent, pas parce qu’ils ont de mauvaises intentions. Juste parce qu’ils n’ont pas envie de perdre trois heures à répéter les mêmes actions.

Quelles pistes pour sortir de cette contradiction ?

On ne va pas refaire le web entier. Mais il y a des idées simples qui pourraient déjà changer pas mal de choses.

Laisser une porte aux usages honnêtes

Tout ne devrait pas être bloqué par défaut. Un programme qui se connecte à un service pour faire une tâche simple — vérifier une info, gérer un compte, publier du contenu — ne devrait pas être obligé de ruser comme un voleur. Il faudrait prévoir des accès propres, sans faire croire qu’on est un humain avec une souris.

Réserver les blocages aux vrais abus

Trop de sites dégainent les CAPTCHA ou les systèmes de sécurité lourds alors qu’il n’y a aucune menace. Résultat : même les utilisateurs normaux sont pénalisés. Une machine bien réglée, qui agit normalement, ne devrait pas être traitée comme une attaque.

Simplifier l’authentification

On peut sécuriser un compte sans pour autant le rendre inaccessible. Si un humain a déjà validé un appareil ou une machine de confiance, on pourrait autoriser certaines actions sans tout revalider à chaque fois. Ce serait plus fluide, sans être moins sûr.

Accepter que le web ne sera plus 100 % humain

C’est peut-être ça, le plus important. Arrêter de penser qu’un site est fait uniquement pour quelqu’un assis devant un écran. Aujourd’hui, beaucoup d’actions passent par des scripts, des outils, de l’automatisation. Ce n’est pas un bug. C’est l’évolution logique. Autant l’accompagner.

Une question d’équilibre

Je ne dis pas qu’il faut tout ouvrir, tout laisser faire. Juste qu’il faudrait un peu plus de confiance raisonnée, un peu moins de suspicion systématique. Sinon, on se retrouve avec un web de plus en plus surveillé, de plus en plus fermé, où seuls les plus gros ont les moyens de faire fonctionner leurs machines.

Et c’est dommage. Parce que, bien utilisées, les machines aussi peuvent être utiles.